Dessaler l’eau de mer

25-08-2010 à 18:38:03
Dessaler l’eau de mer
La surface de la terre est recouverte aux trois quarts d’océans, c'est-à-dire d’eau salée non potable. Compte-tenu de la diminution du niveau des nappes phréatiques et de la difficulté d’accès à l’eau douce dans certaines zones du monde, dessaler l’eau de mer apparaît comme un enjeu de taille.

L’eau est un élément essentiel à la vie sur terre. Aujourd’hui, on estime à 2,5 milliards le nombre de personnes vivant sans accès à une eau saine. Entre des ressources naturelles de moins en moins importantes et des eaux de plus en plus polluées, l’accès à une eau potable pour tous est un véritable enjeu. Ainsi, l’idée d’exploiter l’eau de mer apparaît comme une solution envisageable pour obtenir de l’eau potable.
LE MANQUE D’EAU POTABLE

La pénurie d’eau douce touche différentes régions dans le monde, notamment les zones arides du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord ou de l’Asie du Nord-est1, alors que la plupart de ces pays soient proches d’une réserve d’eau salée importante (mer, océan). D’autres régions, comme aux pôles et au Groenland, ont une réserve d’eau douce importante, mais inexploitable.

En effet, seulement 2,5 % de la totalité des réserves mondiales d’eau est de l’eau douce. Elles se répartissent en 68,7 % sous forme de glacier, 30,1 % dans les nappes phréatiques difficilement exploitables et seulement 0,4 % d’accès direct ou exploitable par l’homme2. Ainsi, près des trois quarts des réserves mondiales en eau douce restent difficiles d’accès.
COMMENT DESSALER L’EAU DE MER ?
Dessaler l’eau de mer pour obtenir de l’eau douce et potable n’est pas une idée nouvelle, loin s’en faut. Dès l’Antiquité, les marins utilisaient la distillation pour avoir de l’eau potable sur les navires. Dans ce procédé, on chauffe dans un premier temps l’eau de mer. Dans un contexte de développement durable, l’énergie solaire est privilégiée. Sous l’effet de la chaleur, l’eau s’évapore alors que le sel dissous dans l’eau reste en dépôt. L’eau, sous forme de vapeur, est alors condensée au contact d’un système de refroidissement pour finalement produire de l’eau potable.

Une autre méthode existe actuellement, c’est l’osmose inverse basée sur le principe de filtration. L’eau est traitée par des filtrations successives au travers d’une membrane. Contrairement aux molécules d’eau, les particules polluantes ne peuvent pas traverser la membrane. L’eau filtrée obtenue est ainsi propre à la consommation.
ET L’IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT ?
Dessaler l’eau n’est pas sans risque pour l’environnement. Pour la désalinisation par osmose inverse, le concentré de sel obtenu en fin de procédé est rejeté dans le milieu marin. Le rejet de ces saumures dans l’eau peut bouleverser les écosystèmes qui sont sensibles à une variation de la salinité3. Pour pallier ce problème, les usines de dessalement procèdent à des aménagements en bordure de côte pour faciliter la dilution des saumures et ainsi en réduire l’impact sur l’environnement.

La désalinisation par distillation est un procédé qui nécessite l’utilisation de produits chimiques. Le chlore est ainsi utilisé pour maintenir les installations de l’usine stérile. Le rejet de chlore dans le milieu marin peut menacer les espèces d’un écosystème sensible à cet agent chimique.
POUR DESSALER, IL FAUT PAYER !
Le désavantage majeur de la désalinisation de l’eau était jusqu’à présent le coût. En effet, pour que les usines soient rentables, il faut qu’elles puissent concurrencer le coût de l’eau potable obtenu par l’exploitation de l’eau de surface et souterraine, qui varie entre 0,1 et 0,5 euro par mètre cube.

Mais avec la modernisation de la technique d’osmose inverse, "le coût au mètre cube d’eau a chuté de 2 euros en 1980 à 0,4 euro aujourd’hui", indique Frédéric Lasserre, directeur de l’Observatoire de recherches internationales sur l’eau (ORIE)4. C'est pourquoi de plus en plus d’usines de dessalement sont construites dans les pays industrialisés ou riches comme en Espagne, en Grèce, en Italie, au Proche-Orient et en Californie. Pour dessaler l’eau par le procédé de distillation, le coût moyen est 1,2 euro par mètre cube d’eau. L’osmose inverse est ainsi le procédé de dessalement le plus utilisé au niveau mondial. En effet, 2/3 des usines produisent l’eau douce par cette technique et 1/3 par distillation.

Cependant, malgré plus de 14 000 usines de dessalement exploitées à travers 120 pays, moins de 1 % de la consommation mondiale en eau douce en est produite5. En effet, bien que rentable pour les usages domestiques, "dessaler l’eau par osmose inverse reste trop cher pour l’agriculture", précise professeur Lasserre.
VERS UNE GESTION DE L’EAU MONDIALISÉE
La demande en eau poursuivra sa croissance dans les prochaines années, essentiellement à cause de l’augmentation de la population mondiale. De plus, l’usage de l’eau n’est pas limité aux besoins domestiques, bien au contraire. Le domaine industriel et surtout l’agriculture sont de gros consommateurs en eau, soit 69 % de la consommation totale en eau douce. Cette forte demande est responsable de la modification des ressources en eau dans le milieu naturel. En prenant l’exemple de la France, le professeur Lasserre explique que, paradoxalement, c’est l’Ouest de la France qui connaît les plus gros problèmes de gestion de l’eau. En effet, bien que les précipitations y soient plus importantes, le niveau de la nappe phréatique y baisse constamment, les cours d’eau s’assèchent et certains marais disparaissent. Une agriculture intensive et une mauvaise gestion de l’eau en sont les principaux responsables.
Chacun doit alors se responsabiliser pour gérer sa propre consommation en eau. Une gestion qui passe également par une prise en compte de notre nourriture, certains aliments nécessitent en effet un volume d’eau considérable. Et si repenser sa consommation alimentaire était un autre moyen vers une gestion de l’eau responsable ?

Stéphanie Toetsch

Morad
http://everyoneweb.fr/ettorchi
Espoir et action malgré les obstacles