UNE CERTAINE INDIFFERENCE DU CORPS ENSEIGNANT

22-11-2009 à 18:47:30
Bonsoir,
INTRODUCTION
L’école joue un rôle prédominant dans la vie des sociétés. C’est elle qui permet la transmission du savoir et des techniques d’une génération à une autre. De plus elle contribue puissamment à la formation des individus et à leur intégration sociale. Sans elle, la société se détériore et les progrès s’amenuisent. Mais la plupart des gens de l’école au Maroc paraissent ne pas être conscients de leur rôle capital dans le progrès de la société. Comment se manifeste cette indifférence ? Quelles sont les causes ? Et comment peut-on y remédier ?
DEVELOPPEMENT
A-LE CONSTAT
D’abord, ils arrivent en retard aux lieux de leur travail, fournissent le moindre effort et perdent de précieuses minutes, parfois des heures en bavardages inutiles : crimes, modes vestimentaires, gastronomie, les difficultés de la vie courante. Et il est très rare de trouver deux enseignants qui discutent d’un thème de psychopédagogie. Ile parait mêmes qu’ils ont de la haine pour leur travail et même pour les enfants car parfois ils les frappent sans merci et se soucient très peu de leur progrès et de leur difficultés. Devant un tel état de fait, que faire ? La première action propice, c’est faire l’analyse profonde de la situation et trouver les causes réelles qui ont abouti à cette mésentente et incompréhension ou ignorance de leurs devoirs. En deuxième lieu essayer de définir les conséquences de cette action. Et en troisième niveau, trouver les remèdes capables de rendre à l’école sa fonction naturelle et d’attacher les enseignants à leur travail. Actuellement la réalité de l’enseignement dans beaucoup d’écoles est insupportable et blessante. Elle blesse les esprits conscients et vifs et tue le peu d’optimisme qu’ils ont. Certains enseignants ne travaillent effectivement que 20/ 100 du temps nécessité pour leur besogne.Les 80/ 100 restantes, ils les passent en dehors de la classe en discussions futiles avec les collègues. Le directeur de l’établissement n’y peut rien changer et même l’inspecteur de la circonscription qui parfois s’enhardit à faire des observations mais sans effet réel sur la situation. Une minorité qu’on peut estimer au quart quitte rarement les classes en dehors des heures du travail et applique les programmes. Cette minorité, c’est elle qui donne un semblant de sérieux à la situation actuelle car en réalité nous sommes devant une comédie de mauvais gout qui détruit tout ce qui l’entoure. Des enfants innocents qui portent des tabliers et des cartables pleins de livres et d’instruments, des établissements qui ouvrent leurs portes aux heures convenues, des gardiens, des enseignants, le directeur, des inspecteurs, des fonctionnaires de la délégation, des parents qui attendent à la sortie, des marchands qui vendent des sucreries. Tout ce monde est présent, ça donne un air de sérieux et d’efforts fournis. Mais la réalité est autre. Les élèves se font des leçons entre eux à la suite des instructions de la maitresse ou du maitre qui reste en classe quelques minutes puis la quitte ,des heures durant, sans aucun piquement de la conscience . Parfois, les élèves passent des heures à se chamailler et à se battre entre eux. On peut dire ici que la véritable fonction de l’école c’est le gardiennage. Les enseignants me donnent ni instruction ni éducation aux enfants mais les surveillent. Et ce sont des surveillants de mauvaise qualité car au lieu de rester en compagnie des enfants et surveiller leurs mouvements et actions, ils les laissent seuls face à leur destin apprenant de mauvaises habitudes et s’analphabétisant lentement mais surement.
En ce qui concerne la minorité sérieuse, elle a perdu le contact avec son savoir psychopédagogique depuis plusieurs années. Elle fait son travail mécaniquement, sans initiative ou renouvellement. Elle applique les programmes intégralement. Souvent la discipline est autoritaire. On a recours à la mémorisation. En fin de compte on regarde la vie avec une conscience tranquille et même avec une certaine fierté car on a exécuté sa besogne sans tricher en comparaison avec les autres tricheurs qu’on n’oublie jamais car ils représentent en même temps le mauvais exemple et ce qu’on fera un jour si la routine et le désespoir les pénètrent un jour. Cette minorité se compose de certains anciens durs qui ont réussi à établir un certain équilibre financier et social après une enfance difficile et de certaines nouvelles recrues qui ont confiance dans la promotion sociale grâce à leurs capacités intellectuelles et qui considèrent que la situation actuelle ne durera pas longtemps. En plus de la politique du moindre effort, certains enseignants imposent les heures supplémentaires aux enfants, aident les élèves à copier à l’examen, falsifient les notes et même les améliorent avec une contrepartie matérielle donnée par des parents ignorants et sana scrupule. Tout est faussé. En consultant les résultats, on trouve un taux de réussite de 100/100 alors que si la surveillance était étroite aux examens et si on donnait aux élèves les notes qu’ils méritent vraiment, moins du quart de l’effectif aurait obtenu la moyenne et aurait accès au passage à la classe supérieure. Le pire c’est que cette situation est devenue normale et acceptable. On n’en discute plus. Elle s’est imposée lentement mais inexorablement.
B-LES CAUSES
Quelles sont les causes qui ont abouti à cette situation dramatique ?
Les causes qui ont abouti à cette situation sont multiples et variées. Elles sont du domaine psychologique, du domaine pédagogique, du domaine économique, du domaine politique, du domaine social et d’autres domaines.
Les causes psychologiques peuvent être analysées à l’aide de la psychologie et de la psychanalyse. Au Maroc, ces sciences ne sont pas vulgarisées suffisamment. Ces causes peuvent être une affectivité non mure, un infantilisme du au complexe d’Oedipe et autres complexes non liquidés, des pulsions inconscientes qui poussent l’individu à agir de façon asociale ou anormale.
Les causes psychologiques peuvent être étudiées d’une façon exhaustive à l’aide de la psychologie qui s’intéresse à la conscience et à la vie mentale de l’individu.
En ce qui concerne le domaine pédagogique, il y a l’insuffisance du matériel, la surcharge des programmes, les effectifs pléthoriques, la classe à plusieurs niveaux surtout en milieu rural, des livres non attractifs, l’insuffisance du savoir psychopédagogique et méthodologique, les disputes avec certains parents à cause du châtiment corporel infligé par la plupart des enseignants pour maitriser une classe débordante.
En ce qui concerne le domaine économique, les salaires sont bas, de grandes différences existent entre les rémunérations du fait de la différence des échelles qui s’étalonnent du huitième jusqu’au onzième à l’état actuel. Les enseignants qui ont un partenaire qui travaille ont un niveau économique supérieur à celui de ceux qui sont seuls responsables de la cellule familiale. Pour remédier à la situation économique basse, certains ont recours au travail saisonnier pendant les vacances scolaires à l’intérieur du pays ou à l’étranger, d’autres pratiquent le commerce ambulant ou la conduite non autorisée de taxis pendant les heures libres pour avoir un apport supplémentaire de liquidités. Une autre partie fait des cours supplémentaires aux élèves dans les écoles privées et même à leurs domiciles. Il y a même un e partie des enseignants qui fait presque chaque année le pèlerinage à la Mecque pour commercer. D’autres enseignants plus aisés s’associent à d’autres commerçants ou s’achètent des affaires rentables qu’ils dirigent eux-mêmes pendant leur retraite légale.
En ce qui concerne le domaine politique, le manque de libertés pendant plusieurs décennies, la paralysie des structures syndicales, la scission des partis politiques, l’existence d’un grand nombre de prisonniers politiques, l’emprisonnement pour délit d’opinion, l’atmosphère d’insécurité, de peur et de doute qui régnait auparavant au Maroc, tout ça a abouti à une certaine lassitude, à une certaine paresse des enseignants malgré la démocratisation rampante de la société marocaine à l’ère de Sa Majesté le Roi Mohammed 6, que Dieu glorifie.
En ce qui concerne le domaine social, la fonction enseignante a perdu de son auréole à partir des années 70 du fait des grèves qui ont abouti à une réaction féroce de l’Etat. De plus le nombre de lettrés, de diplômés s’est accru ce qui a dévalorisé d’une certaine manière la fonction d’enseignant qui rapporte peu.
Il y a aussi d’autres causes qui ont abouti à cette situation. Il y a l’interdiction de l’accès aux centres pédagogiques régionaux pour les instituteurs, ce qui a désespéré une partie des enseignants qui souhaitait changer d’horizon et avoir des élèves adolescents. Il y a aussi le chômage des diplômés. Voila des gens qui ont passé le tiers de leur vie à apprendre sur les bancs de l’école et qui en fin de compte ne ramassent que des miettes. On les compare à d’autres jeunes qui ont quitté l’école très tôt ou n’ont même jamais mis les pieds à l’école mais qui par le concours de la formation professionnelle ou l’apprentissage sur le tas et à force de travail sont arrivés à se faire des situations et même à amasser des fortunes. Cette comparaison déplacée et injuste a dévalorisé le savoir scolaire et eut des retombées néfastes sur l’atmosphère scolaire et la fonction enseignante elle-même. Il y a aussi une vision déformée des droits des fonctionnaires et une certaine intouchabilité dont jouit l’enseignant grâce à la protection apportée par la puissance des syndicats et des associations professionnelles, voire la protection de l’Etat lui-même.
C-LES CONSEQUENCES
Cet état de perdition a certainement des conséquences désastreuses sur l’enfant marocain et sur la société en général. Essayons de les délimiter. L’enfant sort de l’école presque analphabète, ne maitrisant ni la lecture ni l’écriture, avec une moralité douteuse et une propension à l’irrespect des personnes et des choses, à l’économie de l’effort et la recherche immodérée du travail facile et du plaisir, ajouté à cela une incompréhension réelle des mécanismes qui régissent la société et le monde, une interpénétration entre la conscience et l’affectivité et une désadaptation aux normes de la société et une incapacité à s’organiser et à progresser. Socialement, le savoir perd son estime, le savoir faire et l’habilité des différents corps de métiers est atteinte au cœur. Tout est faussé. La plupart des objets fabriqués localement sont de mauvaise qualité. Peu de créativité et d’inventions nouvelles. Il y a une faille des mœurs, des sociétés, des valeurs. Peu d’affaires vraiment rentables. On accuse l’Occident mais le mal vient de soi. On vit dans un cercle infernal. Aucune issue à l’horizon. Sana aides occidentales et investissements extérieurs, la société vivrait au Moyen âge surtout avec le fondamentalisme religieux qui veut imposer des valeurs dépassées et faire revenir la société en arrière. La non-maitrise des langues universelles entraine une coupure avec la réalité universelle actuelle. On vit dans une pseudo-réalité de civilisé mais au fond, il n’y a que la nullité. Seule une minorité de fils de richards arrivent à s’adapter réellement aux conditions draconiennes de la cavillation technologique et informatique à force d’écoles privées, de cours à domiciles, d’études à l’étranger et un mode de vie presque occidental. Les autres, les fils des pauvres ne peuvent accéder aux fonctions supérieures qu’exceptionnellement avec le concours d’une intelligence vive, une volonté d’acier et un jugement clair. Au surplus, il y a la dégradation des valeurs morales, la véhiculation d’un mode de vie parasitaire d’un mode de vie parasitaire avec le slogan « chacun pour soi ». Toute situation est évaluée à partir du profit personnel qu’elle procurerait. La conscience professionnelle est méprisée. Le travail sérieux est combattu. On ne sait plus ou ça mènera la société car la maitrise est apparente.
D-LES REMEDES
En s’attaquant aux racines du mal, on peut assainir la situation et rendre à la société marocaine sa joie de vivre et son espoir légitime d’une vie meilleure. Les remèdes sont de plusieurs niveaux.
Ils sont du niveau politique, économique, technique, psychopédagogique, social et autre.
En ce qui concerne le domaine politique, il faut une réelle démocratisation de la société, permettre au peuple de s’exprimer librement et de se prononces sur les grandes orientations de l’Etat, respecter les droits de l’Homme, promulguer des lois favorables aux libertés syndicales et politiques, permettre aux marocains de se sentir vraiment libres dans une patrie libre qui respecte leurs choix et leur égalité devant la loi sans aucune discrimination ou atteinte illégale à l’intégrité physique et morale des personnes en bannissant l’emprisonnement politique, en facilitant l’intégration réelle du Maroc dans la grande famille arabe.
En ce qui concerne le domaine économique, il faut accélérer le processus d’industrialisation, permettre une maitrise des technologies qu’elles soient anciennes ou nouvelles, relances l’investissement, combattre la bureaucratie et ses maux, et surtout augmenter les salaires des enseignants d’une façon sensible pour qu’ils puissent s’adapter harmonieusement aux nécessités de la vie.
En ce qui concerne le domaine technique, il faut équiper les écoles en ordinateurs, matériel scolaire et autre, fournir de l’eau potable et de l’électricité aux écoles qui n’en possèdent pas, construire des logements pour le personnel enseignant.
En ce qui concerne le domaine psychopédagogique, il faut fournir aux enseignants une meilleure formation professionnelle adaptée aux mutations technologiques, informatiques et sociales que subit la société, permettre une collaboration étroite entre les différents acteurs de la vie scolaire.
En ce qui concerne le domaine social, il faut rendre à la fonction enseignante son prestige, faciliter son ouverture et son symbiose avec le milieu environnant, rendre la scène scolaire plus riche et plus attrayante.
CONCLUSION
Tout problème a une solution si on s’y attaque de façon sérieuse. De plus, l’homme n’est pas une machine qu’on peut modeler à volonté. Sans une réelle motivation et une psychologie positive et optimiste, la stagnation persistera. Donc, c’est vers un changement des esprits et des mentalités qu’il faut s’orienter. C’est un travail de longue haleine et un vaste chantier à défricher.

Morad
http://everyoneweb.fr/ettorchi
Espoir et action malgré les obstacles
14-11-2009 à 19:20:10
C'est un texte long mais riche
22-11-2009 à 18:47:30
Merci bien a tous.

si tu veux m'aider a savoir les objectifs du CECR ( Cadre Européen Commun de Référence ) pour les langues.


Merci.

Rachid